Minagoroshi Chi.

Chi est quelqu'un de changeant. Elle a un petit visage mignon qui fera qu'on la remarque automatiquement, et des yeux allongés et en amande, semblables à ceux d'une biche. Elle aime prendre soin de ses longs cheveux, lui tombant aux hanches par moment, quand elle les laisse lisses. Sinon, elle en fait de jolies boucles et attache sa frange avec une simple pince sur le côté de son visage, pour avoir l'air encore plus mignonne. Même si elle fait bien ses vingt ans, elle porte parfois le seifuku qu'elle avait au lycée, car elle "se sent bien dedans", comme elle dit. Sa silhouette est plutôt fine, même certainement trop aux vues de certains spécialistes, mais elle prétend que cela est dû à son alimentation principalement constituée de riz. C'est ce qu'elle dit. C'est évidemment bien plus compliqué. Elle ne pèse que quarante cinq kilos pour son mètre soixante cinq, une taille qui ne passe pas inaperçue quand la moyenne dans la rue tourne autour d'un mètre cinquante sept. Finalement, tout porte à se tourner vers elle, même si elle souhaite tout le contraire.

Parle très peu, n'aime pas qu'on la touche, a des cicatrices sur le corps. Ne parlera de son passé qu'à des personnes de confiance. Porte souvent trop de vêtements pour se "cacher" du monde.

Chi est quelqu'un de très instable. Elle était pourtant une enfant joyeuse, mais un évènement plus ou moins traumatisant a changé complètement son caractère. Elle était douce, heureuse, ouverte aux autres. Maintenant, elle fuit le regard des gens, se cache, et baisse les yeux quand on lui parle. Il est d'ailleurs rare de l'entendre parler, même ses parents ne l'ont pas entendue depuis ses quatorze ans. Elle préfère intérioriser. Elle ne montre jamais ses sentiments, elle ne sourit pas, elle ne pleure pas. Quelle triste personne, me direz-vous ? Mais qu'y peut-on, c'est Chi. Elle n'a pas d'amis, elle n'est pas le genre de personne à aller vers les autres. Il est dur de lui décrocher son nom, la chose dont elle a le plus honte.

Minagoroshi Chi est une enfant prédestinée. Rien que son nom vous met sur la voie, Minagoroshi étant massacre, et Chi signifiant sang. Elle est née un dix-huit Avril dans le village (fictif) d'Hinamizawa, à Hokkaido. Un village retiré de tout, où on vit à peine avec la télé. Un village minuscule, d'où la première ville digne de ce nom est à trente kilomètres au sud. L'école d'Hinamizawa était paisible, tous les niveaux étaient rassemblés dans une seule classe à cause de la pénurie d'élèves. Chi était une gentille enfant qui aimait aider ses camarades, elle leur apprenait souvent ce que la maîtresse n'avait pas le temps d'expliquer à chaque personne. Elle fut vite surnommée Chii, n'ayant aucun sens, pour effacer la connotation sanguinaire de son prénom. Chii-chan devint la mascotte du village, une parfaite petite fille souriante à longs cheveux marrons et aux profonds yeux bruns qui était polie, bien élevée, saluant chacun. Jamais elle n'aurait volé ni insulté qui que ce soit, et à seulement dix ans, elle aidait déjà le gérant d'un magasin de jouets d'Hinamizawa. Elle organisait des tournois de jeux de société, où on pouvait remporter une poupée à grosse tête, mais elle gagnait toujours. Elle a d'ailleurs gardé toutes ces poupées qui restent quelque part dans sa chambre. Mais lorsqu'elle les voit, Chi a toujours envie de les écraser contre le sol et de les piétiner jusqu'à n'avoir plus que de la poudre. Mais elle ne le peut pas. Elle n'en a pas le courage.

Un peu avant ses quatorze ans, Chi fut choisie comme prêtresse pour le festival du coton déchiré, le Watanagashi, et fut mystérieusement kidnappée cette nuit là. On tenta de l'offrir en sacrifice, on essaya de la tuer, mais la petite Chi, encore toute mince, réussit à s'enfuir par une minuscule ouverture. Elle avait "seulement" été battue longuement, et garde encore des traces de ce qui s'est passé cette nuit d'Août. On a étouffé l'affaire, et la famille Minagoroshi s'est en allée d'Hinamizawa sans qu'on sache ce qu'il s'était réellement passé, car ça, seule Chi et une poignée d'enquêteurs le savent. Comme il est dur de la faire parler de son passé, estimez-vous heureux si elle vous dit seulement qu'elle vivait à Hinamizawa. Chi s'est résignée à oublier. Du moins, c'est ce qu'elle aurait voulu. Mais on n'oublie pas comme ça, même en y mettant la meilleure volonté du monde. Alors Chii-chan évite d'en parler. La seule façon de la faire pleurer est justement de lui parler de Watanagashi, sinon, elle restera dans l'impassibilité la plus totale envers tout et n'importe quoi.

Finalement, après ce Watanagashi, les parents de Chi ont décidé de déménager le plus loin possible, dans un endroit le plus différent possible d'Hinamizawa, pour éviter que leur fille ne sombre dans la folie. Leur destination fut donc Kyoto, la ville où on voit souvent passer des maikos, ces apprenties geishas vouées à un destin des plus tristes. C'est à ce moment là que Chi s'enferma dans le silence. Elle n'allait même plus au lycée, et fut déscolarisé, au profit d'une éducation par correspondance. Elle restait enfermée dans sa chambre, nuit et jour, sans jamais adresser un mot à personne. On raconte que sa mère n'a pas vu son visage pendant deux ans, et n'a pas entendu sa voix depuis ses quatorze ans. C'est une triste histoire que celle de la famille Minagoroshi. Son père, ne supportant pas l'isolement de sa fille, se suicida le 12 Août des seize ans de Chi. On le retrouva flottant sur le fleuve Yodo, un lys attaché à sa main par un ruban de soie. Sa mère, un soir où elle avait trop bu, s'en alla avec un homme qu'elle connaissait à peine, laissant la petite Chi seule. Chi fut embarquée par la police et placée en attendant sa majorité. Mais le jours de ses 18 ans, Chi partit pour Tokyo, où elle commencerait sûrement une nouvelle vie, sans plus jamais repenser à Hinamizawa.