[Terminé ♥] Ceci est une ruelle. Pv . Kozue

Ren s'ennuyait ferme. Classique, comme ouverture, me direz-vous. Mais finalement, qui ne s'ennuie pas, dans la vie ? De toutes façons, il pouvait sortir et rentrer du centre comme il voulait. Alors pourquoi ne pas en profiter ? De toutes façons, il serait resté allongé sur son lit, les yeux grands ouverts, à contempler son plafond. A attendre, purement et simplement. Etait-ce ça, la vie ? Non. Absolument pas. De toutes façons, il y avait bien mieux à faire dehors. Et puis il pourrait fumer tranquillement dans la rue. Même s'il était sensé avoir arrêté. Au pire, il fumerait ses paipos à la cerise. Il décida donc de se lever. Il s'habilla vite fait, un jean dix fois trop grand, un débardeur tout aussi grand, blanc, et une simple veste noire, avec des écritures bizarres en lettres occidentales. Il prit vite fait une casquette bizarre, comme il en avait l'habitude, sans oublier ses lentilles de contact. Il ne souhaitait absolument pas se montrer en public avec ses affreuses lunettes à monture épaisse et ... noire. Il attrapa aussi en vitesse un billet de 1 000 yen, en espérant que ça serait suffisant.

Ren descendit les escaliers en courant, histoire d'être le plus vite possible dehors. Il traversa plusieurs couloirs, une salle servant de hall, et ouvrit la porte d'entrée du centre d'un coup sec. Il sortit aussi vite qu'il avait fait le trajet, et prit une grande bouffée d'air. Il faisait plutôt froid. Même pire que ça, le vend glacé lui fouettait le visage, et il avait même un peu froid. Il aurait peut-être dû rester dans sa chambre finalement. Et puis non. XD. Il s'avança dans la ruelle et dégaina son portable, de façon à appeler un taxi. Mais ... Il n'avait prit que 1 000 yens; il devait donc marcher. Tant mieux, de toutes façons il ne savait pas où aller. Peut-être au club d'hôtes, où il travaillait ? Cela signifiait quand même marcher jusqu'à Ikebukuro .. Bah, c'était pas si loin que ça, finalement. Il prit alors ses petites jambes et entama sa longue marche. Looooongue marche. Il marcha pendant plus d'une demie heure, mais finit quand même par arriver à Ikebukuro en une seule partie.

Ren s'arrêta une minute pour rallumer sa clope, qui s'était éteinte après qu'un gros camion transportant de la volaille surgelée soit passé à une vitesse folle à côté de lui. Il s'arrêta donc à côté d'une poubelle et chercha son briquet. Il fouilla ses poches, à la recherche de l'outil ultime, et finit enfin par le trouver. Un authentique briquet de chez Vivienne Westwood, au bout d'une chaîne dorée. Un briquet qui lui avait coûté une fortune. Il l'attrapa, l'ouvrit, et appuya sur le bouton. Seulement, une petite odeur de gaz sortit, mais aucune flamme ne voulut apparaître. Son beau briquet de collection avait rendu l'âme... Manquait plus que ça. Il souffla, s'adossa au mur, et se laissa tomber par terre, le briquet dans la main, ses dorures brillant à la lumière des réverbères.

La fille sortit une roulée. Ren fit vite le rapprochement. De la drogue, des blessures; elle travaillait pour quelqu'un. Peut-être était-elle même obligée à faire le tapin. Il chassa de son esprit toutes ces pensées malsaines pour se focaliser sur le visage de la jeune fille. Elle semblait vidée, exténuée. Lui poser cette question, lui demander qu'est-ce qui n'allait pas, savoir ce qu'elle subissait, toutes ces interrogations lui brûlaient les lèvres (Haha, le vieux jeu de mots.) Il alluma le briquet doucement, puis l'éteint. Il le ralluma, laissa à la flamme le temps de se mouvoir un peu, et lâcha. Il se retourna vers la jeune fille, et l'observa longuement, attendant une réponse de sa part.

Kozue annonça finalement qu'elle appellerai Ren; Ren. Ça ne le changerait pas vraiment de d'habitude, en fin de compte. Il sourit, de toutes façons, c'était ce qu'il préférait. Lorsqu'elle fit une remarque sur son côté efféminé, il ne put s'empêcher de sourire. Elle avait dit ça avec une spontanéité déstabilisante. Oui, il était efféminé, et savait en jouer. Peut-être que si son visage n'avait pas eu ces traits féminins, il serait devenu un terrifiant yakuza, ou aurait rejoint une bande de bôsôzoku, et aurait terrifié toute le ville. Mais, finalement, il ne se plaignait pas trop. Il savait en jouer, et les femmes appréciaient de plus en plus les hommes qui leur ressemblent. Il rit intérieurement face à sa ruse; et se reconcentra finalement sur Kozue. Elle écarta délicatement les lèvres, et esquissa un sourire. De sa douce voix, elle annonça qu'elle revente de drogue pour des mafieux. Qui la frappaient si elle ne faisait pas assez de bénéfices. La pauvre, qu'il pensait. Elle ne devait même pas pouvoir s'en sortir elle même. Il n'était pas un expert en mafia, mais vu les coups qu'elle subissait juste en n'ayant pas ramené assez d'argent, il se demandait vraiment ce qui lui arriverait si elle prenait la fuite. Ils la traqueraient jusqu'à son dernier souffle. Jamais elle n'aurait de répit. Il lui fallait de l'aide. Était-elle assez résistante pour porter quelque chose d'aussi lourd sur ses frêles épaules ? Il ne le savait pas. Mais sa force mentale semblait sans pareille.

Il ne savait pas tant que ça quoi dire, quoi faire. Il ne connaissait pas tous les paramètres. Peut-être avait-elle commencé de son plein gré, mais que finalement, elle s'était retrouvée piégée dans ce tourbillon mortel qu'est l'empire de la drogue. Ne sachant pas quoi répondre, il posa sa main sur celle de la jeune femme, en signe de réconfort, de compréhension. Elle ajouta qu'ils frappaient moins fort en Corée; alors elle était coréenne .. Étant lui même en partie coréen, il sentit leurs liens se resserrer une fois de plus. Il lui posa donc une question évidente :

Réponse stupide, en somme, mais réaliste. De toutes façons, le destin était si imprévisible que jamais on ne put savoir ce qu'il préparait. Kozue sortit un portable de sa poche, elle écrivit quelque chose dessus, et le tendit à Ren, qui l'attrapa de suite et y inscrivit son numéro. De cette manière, il laissait un peu le choix au destin. Il n'avait plus qu'à attendre qu'elle l'appelle. Peut-être que comme ça, il s'ennuierait un peu moins. Et il ne forçait rien. De nature impatiente et vite lassée, il était souvent un peu trop précipité et faisait des erreurs. Alors il avait apprit qu'il valait mieux laisser les autres faire, et vivait ainsi sans trop agir; mais jamais sans subir. Après tout, c'était les conséquences dépendant de toute action. C'était la fatalité, et personne n'y pouvait rien. Il fit rouler la partie métallique du briquet, appuya sur le petit cran, et laissa la flamme s'éteindre toute seule. Le feu commençait à lui ronger la peau du pouce, et il n'en avait franchement rien à faire. Et si jamais le briquet rendait l'âme, il n'aurait qu'à en racheter un à Kozue. Il lui en achèterait un beau, du genre haut de gamme, avec des strass collés dessus. Il l'aurait prit en or incrusté de diamants, si seulement il avait eu l'argent. Mais avec son misérable travail d'hôte, il avait tout juste de quoi payer ses repas en dehors du centre.

La jeune fille bougea l'espace d'un instant, mais étrangement, le coeur de Ren s'accéléra dangereusement. Elle avait à présent retiré sa main de celle du jeune homme, ce qui l'inquiétait déjà beaucoup. Allait-elle partir, maintenant qu'elle avait son numéro ? Ce moment était-il déjà terminé ? Il regarda devant lui, beaucoup de gens étaient rentrés chez eux, presque personne ne se baladait, maintenant. Peut-être qu'elle aussi, quelqu'un l'attendait, et qu'elle devait rentrer. Mais elle reprit soudainement la main de Ren à l'intérieur de la sienne. Le jeune homme s'était inquiété pour rien, fausse alerte. Il priait intérieurement pour qu'elle ne lui refasse plus peur comme ça. C'était stupide, et il le savait, mais si l'enchantement venait à se rompre, il se sentirait perdu. Aussi perdu qu'il ne l'était avant de rencontrer la demoiselle. Il reprit son activité, au risque de tuer le briquet ..

Kozue ouvrit les lèvres et prononça lentement les mots « La roulette ne te brûle pas à force de chauffer ? ». Le jeune homme sourit. Non, il aimait même plutôt ça. Etait-ce aimer la douleur ? Même pas. Il ne ressentait même pas la moindre douleur. Juste une douce chaleur sur son doigt. Le plaisir de voir la flamme se mouvoir, et de décider quand elle s'arrêterait pouvait compenser n'importe quelle douleur. D'ailleurs, que penserait Kozue, si elle venait à apprendre la passion obsédante de Ren pour le feu ? Le prendrait-elle elle aussi pour un fou ? Peut-être qu'elle ne souhaiterait même plus le revoir. Il valait mieux taire ce secret. Il était assez mit de côté comme ça; et jamais il ne supporterait un autre rejet.

Il avait dit ça d'un air impassible, tentant de masquer son admiration pour ces danseuses lumineuses. Si il avait pu, il aurait sourit, ce serait recroquevillé comme un enfant effrayé et se serait mit à rire; mais il en était hors de question. Il ramena juste ses genoux contre lui même, espérant gagner ainsi un peu de chaleur, et les entoura avec un de ses bras, ne lachant pas pour autant la main de Kozue.

Il fit revivre la flamme, en même temps que Kozue ajouta quelque chose à sa phrase. Elle ajouta seulement deux phrases, mais deux phrases qui confirmaient ce qu'elle pensait de lui. Elle le trouvait beau. Les organes du jeune homme se resserrèrent tandis qu'il tua la flamme à nouveau. La jeune amie de Ren avait prononcé ces derniers mots avec un certain étranglement de la voix; et lui était complètement déstabilisé. Il alluma la flamme d'un coup sec du pouce, et la tua aussitôt. Kozue suivait le tracé de ses veines sur le poignet du jeune homme, doucement, frôlant presque sa peau du bout de ses doigts. Il frémit légèrement. La flamme se ralluma. Son regard se perdit sur les traits du visage de la fille. Il dessina des yeux la courbe de ses lèvres qui se mouvaient doucement, de ses yeux captivés par le poignet du jeune homme, de toutes les nuances de marron de ses iris, jusqu'à sombrer dans l'infini noir de ses pupilles. Elle était vraiment magnifique.

Le feu était sensé brûler, après tout. Il était sensé brûler comme l'eau était sensée mouiller. Ren, lui, était indifférent à tout ça. On apprend souvent aux enfants que le feu est dangereux, qu'il faut s'en éloigner, y faire attention. Qu'il faut préserver son petit environnement personnel de toute destruction probable. -Il ralluma la flamme-. Mais qui voudrait préserver un monde aussi pourri que celui dans lequel nous vivons... ? Le feu, lui, était fort. Ses danseuses destructrices annihilaient tout le mal en ce monde. Rien ne résistait au feu; pas même l'eau. Le feu pouvait même venir à bout de la pierre. C'était sûrement cette force qui le rendait si fascinant aux yeux de Ren. Il éteint la flamme et regarda Kozue, qui lui avait parlé précédemment, bien que trop perdu dans ses pensées, il n'avait pas eu le temps de lui répondre. Elle lui demandait de répondre si elle appelait. Il ralluma le briquet et laissa la flamme se mouvoir un peu plus longtemps que les fois précédentes. Kozue lui fit part de ses doutes, qui étaient cela dit partagés.

Avait-il dit en se plongeant encore plus profondément dans les yeux de la jeune fille, comme voulant s'introduire dans son coeur pour mieux lire dans son âme.

Il avait dit ça sur le ton de la plaisanterie, bien que cette phrase ne fut pas anodine. Après tout, il avait déjà réduit en cendres toute une forêt et la moitié d'un lycée, pourquoi est-ce que la prochaine fois, dans un accès de folie incontrôlable, il ne blesserait pas quelqu'un ? Il retourna longuement ces pensées dans sa tête, espérant que jamais, au grand jamais il ne lui arriverait pareille misère. Il leva le visage vers le ciel, laissant la pluie s'égoutter sur son visage doucement. Les gouttelettes fraîches tombant sur ses joues lui procuraient une sensation indescriptible de dynamisme. Il avait envie de se lever, et de se défouler. De courir, de crier. Mais il ne fit point, tellement il se sentait bien auprès de sa nouvelle amie. Il reprit sa contemplation du visage de la demoiselle, qui se décida à le regarder. Il croisa brièvement son regard avant qu'elle ne rebaisse les yeux. La jeune fille tendit la main vers la joue de Ren pour lui repousser, en riant, lui demandant si il lisait dans ses pensées. Le contact entre les deux jeunes gens avait été furtif, mais les organes de Ren se rétractèrent brièvement sur eux même. Une intense chaleur emplit son corps le temps que la main de la jeune fille ne rejoigne sa position initiale. Il fut tout à coup assez angoissé; qu'est-ce que cela signifiait ? Pourquoi ses entrailles s'étaient-elles resserrées de la sorte ? Il tenta malgré tout de garder un air décontracté, et éteint la flamme du briquet de la paume de sa main.

La jeune fille commença à énumérer les différents traits du visage typique d'un méchant. Sourcils froncés, lèvres tombantes, tout y passa. Son regard examinait chaque millimètre carré de peau du jeune homme. Un peu embarrassé par cette approche soudaine, il ne savait même plus comment réagir. Lorsqu'elle effleura la peau du jeune homme de ses fins doigts, il se mordit légèrement la lèvre inférieure. Avec son travail, il était habitué à faire la cour aux dames sans aucune conviction; mais les mouvements doux et précis de Kozue étaient bien différents. Malgré qu'il ne la connaisse à peine, et qu'elle ne lui ait rien donné, il la laissait faire, et trouvait même tout ceci plutôt agréable. Il se remit à sourire bêtement. C'était plus fort que lui. La présence d'une personne comme Kozue ne pouvait que vous faire sourire, et contempler son visage d'une beauté saisissante, ses yeux brillants, son nez arrondi, ses lèvres subtilement dessinées dans la mi-lumière. Sa peau semblait si douce, semblable à celle d'un nouveau né, tout semblait provenir des mains de Dieu.

Il sourit à la jeune fille malicieusement. Si il l'avait voulu, d'un seul mouvement, il aurait pu échanger de rôle avec elle, la coincer contre ce mur sur lequel ils étaient adossés. Il aurait pu ainsi rentrer complètement dans le rôle du méchant. Mais il n'en était point. Il ne comptait pas effrayer la demoiselle. Pourquoi irait-il gâcher un si beau commencement d'histoire ? Il n'y avait aucune raison plausible. Il avait appris à freiner ses envies spontanées, et comptait bien en profiter.

Kozue ouvrit la bouche, surement pour ajouter quelque chose, mais un éternuement l'en empêcha. Un petit éternuement semblable à celui d'un enfant. Ren sourit, il était assez sensible aux choses mignonnes. Il allait justement lui faire remarquer, mais elle le devança en lui disant qu'il allait sûrement attraper froid. Vu comme ça, c'était même certain. Il était trempé jusqu'à la moelle des os; et elle aussi. Il grimaça à cette pensée, et retira sa veste pour la poser délicatement sur les épaules de la jeune fille. De toutes façons, il avait vécu bien pire dans le genre, et ce n'était pas un moment en débardeur sous la pluie qui le tuerait. Il lui fit un sourire et lui tapota les épaules en signe de réconfort. Elle lui demanda finalement si il ne préférait pas rentrer chez lui. Plutôt crever. De toutes façons, il devrait rentrer à pied, sous la pluie, et en pleine nuit. Non, il se trouverait plutôt un coin à l'abri et y passerait la nuit tranquillement. Il sourit à Kozue.

En effet. Il sortit son portable, et regarda l'heure. On approchait des une heure trente. Même le dernier train était parti, et puis il ne se sentait pas de marcher jusqu'à la gare de Shibuya juste pour rentrer au centre. Il joua doucement avec son piercing à la lèvre tout en ajoutant :

Il passa le bout d'une cigarette dans la flamme bleutée, et la porta à ses lèvres. Il continua à allumer et éteindre le briquet à intervalles réguliers, se rongeant un peu plus la peau du pouce à chaque fois. Kozue reprit la parole au sujet de l'intuition. Que faisait-il de l'intuition ? Quelle intuition ? Celle qui l'avait trompé tant de fois ? Elle ne servait plus à rien. Tout le monde cache des choses. Tout le monde a apprit à manipuler les autres comme bon lui semble, et on ne pouvait plus se fier à personne. De quoi devenir cinglé. Il soupira intérieurement. Rien n'était facile; et encore moins dans une ville où l'euphorie règne comme Tokyo. Il eut un sourire en coin. Même lui cachait certaines choses, ces choses qu'il aurait voulu oublier. Des choses dont il n'était pas fier, et dont sa mémoire ne semblait pas vouloir se débarrasser. Kozue continua; d'après elle, Ren ressemblait à un rockeur. Pas faux, à vrai dire. Il y avait certains aspects punk dans son style qui étaient évidents. Elle finit par lui demander ce qu'il faisait dans la vie. Son sourire s'effaça lentement. Même si son travail consistait à distraire des demoiselles toutes plus oisives les unes que les autres, il lui était arrivé d'aller beaucoup plus loin pour un pourboire important. Il fallait bien vivre, après tout. Il regarda Kozue, et se pinça légèrement la lèvre inférieure.

Il préférait rester vague. Si elle lui demandait plus de précision, il lui répondrait sûrement, mais il ne savait pas vraiment comment elle réagirait. Il avait peur de son jugement. Après tout, il n'était rien de plus qu'un bon à rien qui vendait son corps et ses services à des bourgeoises insatiables. Il tenta de rester le plus neutre possible, et se contenta de tirer un coup sur sa Seven Star. Il regarda droit devant lui. Plus personne ne marchait sur le trottoir; ils étaient seuls. La rue était complètement déserte, et, malgré quelques lumières allumées dans les appartements, silencieuse.

Kozue eut un petit rire. Elle était à des kilomètres de chez elle, alors. Un point commun de plus entre eux. Elle raconta qu'elle ne pourrait pas aller travailler le lendemain, et qu'elle perdrait sûrement son travail. Ren se mordit violemment la lèvre, tant qu'une goutte de sang perla sur celle ci. Il se sentait affreusement coupable. Si elle se retrouvait sans-emploi, elle ne pourrait plus payer son loyer, et se retrouverait à la rue. Perdu dans son égoïsme, il n'avait même pas envisagé cette possibilité. Lui était en sécurité, il ne se ferait pas virer du centre tant qu'il ne le faisait pas brûler, ou qu'il ne devenait pas un parfait citoyen. Kozue leva les yeux vers le ciel, laissant les gouttes d'eau lui tomber sur le visage. Il ne put se retenir plus, et l'attrapa par les épaules pour la serrer contre lui. Il ne pouvait rien de plus pour elle.

Cette proximité eut pour effet de rétracter ses organes une fois de plus, mais la chaleur du corps de la jeune fille contre le sien l'apaisa vite. Il sentait les battements rapide de son cœur, et sa respiration saccadée. Après tout, elle devrait peut-être rentrer chez elle. Mais il était tellement envoûté par cette jeune fille au visage écorché qu'il ne la laisserait pas partir, même si sa réaction était très égoïste. Il la serra un peu plus contre lui, de peur qu'elle ne le laisse seul, ici, dans la rue, et qu'elle ne le rejette comme tous ces autres. Il ferma les yeux, laissant les gouttes ruisseler sur son visage.